• Auto123 met à l’essai le Bentley Bentayga 2023
• Le modèle est 18 cm plus long qu’avant – trop d’une bonne chose ?
• L’opulence, ça l’a un prix… mais aussi un grand attrait !
Vancouver, Colombie-Britannique – Voici notre essai du Bentley Bentayga 2023, en questions et réponses.
Pourquoi au juste 180 millimètres de plus pour le Bentayga en 2023 ?
Le premier utilitaire de très grand luxe de Bentley a vu le jour en 2015. Il a incité Lamborghini et Rolls-Royce à entrer dans la danse avec l’Urus et le Cullinan. Ensuite, au moment de concevoir la seconde génération du Bentayga (un nom inspiré d’un pic rocheux des Iles Canaries, en passant), Bentley a sondé ses clients. Plusieurs ont répondu qu’ils ne détesteraient pas avoir une cabine arrière aussi majestueusement confortable que celle de la Mulsanne, la limousine de la marque que le VUS remplace.
Bentley les a écoutés en leur proposant les configurations 4 (sièges capitaine), 4+1 (accoudoir central escamotable) et 5 places (banquette) les plus généreuses de ce segment d’élite.
Consultez les véhicules à vendre disponibles près de chez vous
Mais alors, les gens veulent le conduire ou se faire conduire ?
Selon les chiffres de Bentley, 84 % des clients veulent le conduire. Mais ce nouveau modèle EWB (Extended Wheel Base), la version à empattement allongé, bousculera sans doute ces statistiques, surtout en Chine où un chauffeur embellit ton pedigree social.
Tu ne choisiras un Bentayga EWB pour l’ivresse de le piloter mais pour jouir de ses centimètres supplémentaires à l’arrière. À moins que tu ne sois du genre très altruiste qui pense surtout au confort de tes passagers. Cela dit, que tu sois partisan de l’une ou l’autre manière d’apprécier ton Bentayga, tu ne peux pas être déçu.
Il fonce
Que veux-tu dire ?
Si tu tiens le volant, tu disposes d’un V8 à essence de 4 litres à double turbo. Couplé à une boîte automatique à 8 vitesses, il te fournit 542 chevaux à 6000 tr/min. Avec ça, tu peux boucler le 0-100 km/h en 4,6 secondes et filer à 290 km/h.
C’est rapide ?
Pour un mastodonte, oui. La version EWB pèse 2514 kg, environ une centaine de plus que le Bentayga plus court. Le pied au plancher, je l’ai essayé. La réaction a été foudroyante ! Il faut agripper le volant à trois mains tellement on est catapulté vers l’avant.
Je t’avoue cependant que l’effet n’est pas le même qu’avec la plupart des autres voitures. Je crois que c’est parce que dans le Bentayga, tu te sens un peu petit. Je veux dire, la grosseur, le luxe, le prix payé, tout ça t’écrase un peu. Enfin, quand tu appartiens comme toi et moi à la race des communs des mortels. J’imagine que les millionnaires et les milliardaires réagissent différemment. Pour eux, c’est juste un char. Leur garage déborde de Ferrari et autres créatures exotiques.
Moi, je n’arrêtais pas de baver devant les matériaux exquis ciselés à la perfection par les artisans de l’usine de Crewe, en Angleterre.
Écoute, ces orfèvres insèrent à la main des lamelles de métal d’une épaisseur de 0,07 mm dans le bois pour créer des arabesques. Dans les portières scintillent des diodes à travers de minuscules perforations.
Au fait, devine combien de combinaisons d’options existent pour le Bentayga ?
J’sais pas moi. Heu, une centaine ?
Vingt-quatre milliards ! Pas des millions, des milliards ! Tous les acheteurs personnalisent leur véhicule et bien souvent selon des caprices que Bentley comble sur mesure, tant qu’on sorte le chéquier.
Résultat, je te le dis, je ne me sentais pas exactement à ma place au milieu de cet étalage de luxe. De sorte que lorsque j’ai osé écraser le champignon, j’ai eu l’impression pendant une fraction de seconde que ce n’était pas moi qui contrôlait la machine, mais bien l’inverse.
Ouinnn… je crois que je préfère ma Honda Civic. Moins stressant.
Il rassure
Heureusement, la confiance te revient rapidement. La trajectoire du missile est rectiligne. La sensation de catapultage fait place à une stabilité rassurante. Faut dire que tous les Bentayga, peu importe la longueur de leur empattement, incluent un système à quatre roues motrices doté d’une sélection de modes de conduite qui conviennent aux conditions routières du moment.
Et la consommation… même si les proprios ne s’attardent sans doute pas à ce genre de trivialité ?
Pas si sûr que ça. La valeur de l’argent, plusieurs connaissent. Enfin, malgré les performances et le poids, la cote combinée (ville/autoroute) du EWB tourne autour de 13 litres au 100 km. Qui plus est, le Bentayga hybride fera un retour au pays cet automne.
Que du bon alors ?
Le freinage requiert un apprentissage. Dès que tu effleures les freins, les énormes disques immobilisent les roues de 22 po en un claquement de doigt. Il faut apprendre à les moduler pour éviter de projeter ta compagnie dans le pare-brise.
Ok, ce que tu me décris, c’est quand tu accélères comme un débile. Mais le reste du temps, il se conduit comment ?
Comme du velours. C’est souple, c’est doux. Il y a la suspension pneumatique. Il y a le Dynamic Ride, un système électrifié (48V) du contrôle du tangage qui produit un superbe équilibre en tout temps, que tu files comme une gazelle ou que tu te déplaces comme une tortue dans un stationnement bondé. Bizarrement, le rayon de braquage est…
Le quoi ?
Le rayon de braquage. Quand tu fais un demi-tour, un bon vieux U-Turn, des fois tu le réussis du premier coup, des fois tu dois t’y prendre à deux fois parce que l’espace de manoeuvre est trop étroit, le véhicule trop long ou parce que tu as mal calculé ton coup. Or, malgré la longueur du Bentayga EWB, son rayon de braquage est 7% plus court (11,8 mètres) que celui de son petit frère
Comment est-ce possible ?
Grâce au Electronic All Wheel Steering qui tournent les roues arrière dans le sens contraire des roues avant jusqu’à 4,1 degrés.
Il chouchoute
À propos de l’arrière, puisque c’est là que la version EWB cherche à se distinguer, c’est comment ?
D’abord spacieux, tu t’en doutes. Malgré mes six pieds, je pouvais croiser les jambes comme dans mon salon. Plus d’espace que dans le Cullinan pourtant plus long. Par contre, ça te vaut des portières immenses, difficiles à fermer une fois que tu es assis.
La solution : un bouton sur la console arrière qui les referme automatiquement. La même console qui recèle une mini tablette détachable. Avec elle dans les mains, tu peux tout régler dans la cabine.
Mais l’Oscar de l’opulence revient au Airline Seat. Quand tu coches cette option, le fauteuil de droite n’a plus rien à envier au siège Classe Affaires d’une compagnie aérienne.
En mode Business, les 22 ajustements possibles t’invitent à travailler à partir de la tablette qui bascule du dossier devant toi. En mode Relax, ton propre dossier s’incline jusqu’à 40 degrés, le fauteuil du passager avant, dont tu as préalablement chassé ledit passager, se recroqueville sur lui-même pendant qu’un repose-pied se déploie.
Tu n’as plus qu’à te prélasser sur l’appuie-tête. Ce n’est pas juste une têtière enrobée du plus tendre cuir qui soit. On dirait plutôt un oreiller. En fait, c’est un nuage. Ta tête repose sur un cumulus. Tu ne veux plus en décoller.
Bentley devrait le commercialiser dans une gamme de meubles de bureau.
Volvo l’a déjà fait. Mais je ne t’ai pas raconté la meilleure encore. Tous les trônes de la EWB peuvent ajuster automatiquement leur température et leur maintien pour mieux te dorloter.
Qu’est-ce que tu me racontes là ?
Tu sais que de plus en plus de voitures proposent des sièges chauffants et même ventilés. Le Bentayga pousse le concept plus loin. Ses sièges analysent la température et l’humidité de ton corps puis dégage la chaleur ou la fraîcheur nécessaire pour assurer un confort idéal. Imagine que tu conduises malgré une fièvre : le fauteuil agit comme un thermomètre et ajuste ses fonctions pour te guérir !
C’est malade !
Et ce n’est pas tout. Pour éviter qu’une posture te fasse mal durant un long trajet, les sièges ont été divisé en six zones, lesquelles stimulent 177 points de pression différents pour masser ton corps. C’est comme si tu étais assis sur un chiropraticien !
Bon, n’en jette plus, la cour est pleine. Sauf qu’il coûte combien, ton chariot des dieux ?
Il commence à 274 500$. Mais dis-moi, as-tu enregistré notre conversation avec ton téléphone ?
Tu me prends pour un journaliste ou quoi ? Absolument pas !
Dommage. Maintenant, je dois aller l’écrire.