L’ex-grand patron de Nissan, Carlos Ghosn, a été sommé par la justice de remettre son superyacht à Nissan, et de payer 32 millions de dollars en dommages à la compagnie.
Le yacht, devenu un symbole des excès financiers qui sont au cœur des accusations de mauvaise gestion financière visant le dirigeant, a été acheté grâce à des fonds détournés de Nissan, selon une décision rendue par la Haute Cour des Îles Vierges Britanniques.
Le yacht de la discorde
Le yacht en question, un Custom Line Navetta 37 construit par la firme italienne Ferretti, a été baptisé Shachou, un mot qui signifie « Le Patron » en japonais. Ce luxueux bateau comprend sept salles de bain, cinq cabines principales et quatre pour l’équipage. Il symbolise les comportements somptuaires qui sont au centre des accusations de conduite financière douteuse portées contre Carlos Ghosn.
Arrêté en 2018 à l’apogée de sa carrière alors qu’il était à la tête de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn n’a pas encore été jugé pour ces accusations au Japon.
Une condamnation lourde
Dans sa décision du 9 août, le juge Gerhard Wallbank a ordonné que Carlos Ghosn, son épouse, Carole, et une société qu’ils ont fondée pour l’achat du yacht versent 32 millions de dollars en dommages à Nissan. Le tribunal a découvert que des millions de dollars issus du Fonds de réserve du PDG de Nissan avaient transité par une série d’intermédiaires pour finalement atterrir au sein de sociétés contrôlées par Carlos Ghosn ou ses proches. Parmi ces sociétés figurent Shogun Investments, détenue par Carlos Ghosn et son fils, ainsi que Beauty Yachts Pty Ltd., une société incorporée aux îles Vierges et détenue par Carole Ghosn.
Le juge a affirmé que les paiements effectués par Nissan et sa filiale du Moyen-Orient n’étaient pas à des fins légitimes. « Les sommes versées ont été faites au bénéfice de M. Ghosn ou de ses proches », a déclaré le juge son jugement de 56 pages.
Une longue bataille judiciaire
Carlos Ghosn, qui est aujourd’hui âgé de 70 ans, nie toute malversation. Il a annoncé qu’il porterait cette décision en appel. Ni lui ni sa femme n’ont assisté au procès, et aucun avocat ne les a représentés. Nissan, pour sa part, s’est félicité de ce jugement, qu’elle considère comme une confirmation des détournements de fonds orchestrés par son ancien dirigeant.
Des poursuites mondiales
Cette affaire aux Îles Vierges Britanniques n’est qu’une partie de l’ensemble des batailles judiciaires que Carlos Ghosn doit affronter. En plus de cette affaire civile, l’homme est également poursuivi au Japon, où il est accusé du détournement de millions de dollars à travers un réseau complexe d’entités. Il fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt en France pour des accusations similaires. Malgré ces multiples poursuites, Carlos Ghosn vit actuellement au Liban, un pays où l’extradition ne s’applique pas, et d’où il a engagé des poursuites contre Nissan, réclamant un milliard de dollars en dommages.
Nissan, de son côté, continue de chercher à récupérer des fonds via des procès en cours au Japon et à l’étranger. Le constructeur a également engagé des poursuites pour 15,5 milliards de yens (soit environ 102,5 millions USD) devant un tribunal de Yokohama.
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