• Auto123 met à l’essai le Tesla Model Y Performance 2022.
• Pour Tesla, les performances et l’ingénierie comptent pour beaucoup plus que le design.
Auto123 tient à remercier l’agence de partage automobile Turo qui a défrayé les coûts de location pour cet essai de quatre journées complètes.
Atterri de nulle part au milieu des années 2000, le fabricant automobile Tesla est devenue un incontournable de la révolution électrique. En fait, on peut le dire, c’est grâce en partie à ce constructeur américain si l’industrie n’a d’yeux que pour la propulsion électrique en ce moment.
Tesla n’étant pas un constructeur comme les autres, obtenir des voitures de la marque pour un essai requiert un peu de créativité. Notre solution? Un exemplaire disponible à la location temporaire, ce qui peut se faire sur une durée d’une journée, trois jours, une semaine ou même un mois. La firme Turo est répandue aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada.
Une application facile à apprivoiser
Pour accéder à cet univers de véhicules personnels – et partagés –, il faut tout d’abord télécharger l’application via un appareil intelligent. Turo propose des paramètres à ses utilisateurs comme la distance qui sépare votre domicile du véhicule, les frais associés à chaque voiture, le coût d’une journée, d’une semaine ou d’un mois.
Une fois que le véhicule voulu est déniché, il y a quelques informations à fournir - les dates de disponibilités, le type de paiement et d’autres options additionnelles comme le type d’assurance désiré. Sinon, c’est votre assurance automobile personnelle qui prend la relève.
Ensuite, il est possible de discuter avec le propriétaire de la voiture directement via clavardage. Dans mon cas, la location m’accordait une distance maximale de 1 600 km sur cinq jours. ce qui me convenait amplement puisque je devais me rendre à Toronto pour l’essai d’un autre véhicule… à essence celui-là!
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Un assemblage plus que correct
Tout a été dit à propos de la qualité d’assemblage aléatoire des produits Tesla. À ma grande surprise, le Model Y 2022 que j’ai conduit m’a paru plutôt bien assemblé. J’ai eu beau faire le tour des panneaux de carrosserie, je n’ai pas trouvé d’écarts trop flagrants, ni même de défaut majeur dans la peinture gris anthracite.
À défaut d’avoir passé trois heures à analyser chaque petit détail extérieur du véhicule, ma première impression était excellente, pour un véhicule dont la réputation n’est pas très enviable sur le web.
Même l’habitacle ne m’a pas laissé sur ma faim, à part de me donner l’impression de manquer de vie. Habillé avec des panneaux de plastique gris foncé ou noir, l’intérieur du multisegment est assez monochrome, si on exclut la bande de similibois qui traverse la planche de bord et les panneaux de portières avant.
Oui, c’est vrai, le toit vitré ajoute beaucoup de luminosité. Mais de grâce Tesla, songez à offrir d’autres couleurs à l’intérieur de vos véhicules. L’habitacle tout blanc est peut-être disponible en option, mais avec le calcium et la gadoue en hiver, ce choix m’apparaît peu judicieux, à moins d’être ami avec un spécialiste du nettoyage automobile.
Certains panneaux en plastique sont assez bon marché, tandis que d’autres, comme le pavé feutré pour la recharge sans fil d’un appareil intelligent, est de belle facture.
Pour un véhicule qui commande un prix de départ de 90 000 $ (pour cette livrée Performance), j’aurais souhaité des sièges habillés d’un suède Alcantara ou d’un cuir perforé, mais non, ce n’est pas le cas sur les sièges ou cette banquette arrière repliable 40/20/40.
Cette banquette ne se replie pas complètement à plat pour le transport d’objets plus encombrants, mais bon, le Model Y est un véhicule familial, pas un fourgon de livraison.
Pour en revenir à cette planche de bord ultra minimaliste, je dois l’avouer, j’aimerais qu’on lui greffe une série de commandes traditionnelles. Mais au risque de me répéter, Tesla fait les choses autrement. Tout ou presque est contrôlé via ce large écran tactile et quelques commandes logées autour du volant. La seule autre commande à retenir se trouve sur les portières : des petits boutons remplacent les poignées traditionnelles pour l’ouverture de celles-ci.
Le fameux écran tactile
Ici aussi, l’utilisation de cette colonne vertébrale du véhicule s’est avérée positive… après quelques essais et erreurs, je dois l’admettre. J’aimerais qu’une série de commandes devienne universelle pour toutes les marques automobiles. Par exemple, en actionnant le levier de gauche sur lequel sont inscrits quelques logos d’essuie-glaces, il faut surveiller l’écran où, à gauche en bas, un menu fait apparaître les différentes vitesses du système.
Le levier de la boîte de vitesses, quant à lui, est installé à droite de la colonne de direction et son maniement est plus simple.
S’il est vrai que la connexion avec toutes les fonctions digitales du véhicule est assez complexe – il y a foule d’options et de menus –, le maniement de l’écran est, en revanche, franchement étonnant. Les graphismes sont clairs, la réactivité de l’écran est excellente et le choix est infini. On peut carrément perdre plusieurs minutes (pendant une recharge obligée en direction de Toronto) à découvrir les quatre coins du système.
L’ennui, c’est que même si l’écran est une belle surprise, il ne change rien au fait que le conducteur se doit de garder un œil devant sur la route. Avec tant d’options au centre de la planche de bord, il serait presque recommandé de voyager avec un co-pilote pour que ce dernier s’occupe de l’écran pendant la conduite.
Au volant
Je dois l’avouer, mes attentes étaient assez élevées avant de prendre le volant de ce multisegment électrique. Pour enregistrer autant de ventes, Tesla doit bien avoir trouvé une recette qui fonctionne n’est-ce pas?
Dès les premiers tours de roue, j’ai compris ce qui séduit les adeptes de Tesla. Le silence, la douceur de roulement (sur une route en bon état) et la direction relativement précise – merci aux jantes de 21 pouces –, le Model Y Performance est également un monstre d’accélération lorsqu’on appuie fort sur la pédale de droite.
Il n’en demeure pas moins que le véhicule est lourd et que les amortisseurs sont réglés pour les surfaces lisses comme une table de billard. Aussitôt que l’asphalte se dégrade, le Model Y secoue ses occupants. On ne parle pas d’une conduite désagréable, mais à côté des nouveaux multisegments électriques de luxe, le Model Y n’offre pas une expérience aussi feutrée.
Ces ajustements assez rigides de la suspension ont d’ailleurs une incidence sur les bruits de caisse et quelques panneaux mal fixés à l’intérieur de l’habitacle.
En revanche, le groupe motopropulseur qui livre une puissance de 456 chevaux et un couple optimal de 471 lb-pi effectue amplement le travail. Les accélérations sont foudroyantes, surtout en mode Sport où l’explosivité de la mécanique saute aux yeux, et les reprises sont également très satisfaisantes. Disons que les dépassements se font en un clignement des yeux. J’ai également beaucoup apprécié la conduite à une seule pédale, très facile à moduler.
L’autonomie… et la conduite autonome
Quant à l’autonomie, la cadence plus élevée de l’autoroute 401 a sans aucun doute nuit à ma consommation d’électricité. J’ai obtenu une consommation moyenne de 21,4 kWh/100 km, un résultat supérieur aux estimations de RnC (Ressources naturelles Canada) avec une autonomie plus proche des 390 km (au lieu des 488 km promis) à cause de ces nombreuses accélérations à l’emporte-pièce et de cette vitesse moyenne de 120 km/h.
Pendant ce long trajet, le système Autopilot a également été mis à l’épreuve. Il assiste le conducteur sur l’autoroute, sans toutefois prendre le relais complètement. Le système a plutôt bien répondu, même qu’il a réagi de manière assez brusque lorsqu’un poids lourd est sorti de sa voie. Heureusement, plus de peur que de mal.
Le mot de la fin… et une amende salée!
Le Tesla Model Y me fait un peu penser à la défunte Mitsubishi Lancer Evolution, la berline développée pour le championnat des rallyes qui misait surtout sur son incroyable train roulant pour séduire les amateurs, mais qui souffrait d’un habitacle de base. C’est la même histoire ici.
Tout ce qui compte est dissimulé sous la caisse. Le design du véhicule est banal, mais fonctionnel, tandis que l’habitacle est trop épuré à mon goût. Toute l’ingénierie installée sous la caisse explique à mon avis pourquoi Tesla connaît autant de succès à l’heure actuelle.
De plus, alors que la crise d’approvisionnement cause des maux de tête aux autres constructeurs, celà ne semble pas être le cas chez Tesla, du moins en apparence. Et il y a également ce réseau de bornes de recharge plus développé que les autres qui pousse certainement les automobilistes à se tourner vers les véhicules d’Elon Musk.
Si l’essai du Model Y s’est déroulé sans embûche, c’est plutôt le retour qui m’a causé quelques maux de tête. En effet, après avoir remis les clés au propriétaire, ce dernier m’a laissé savoir qu'il y avait des dommages (très sommaires) à sa jante arrière droite. Malheureusement, je n’ai pas pris le temps de prendre des photos en détail de toutes les jantes (avant de partir) et mes propres clichés ne sont pas assez clairs pour démontrer que les dommages étaient déjà présents sur le véhicule. J’ai donc dû me plier à cette franchise de 500 $ prévue par la police d’assurance de Turo.
On aime
Le côté techno
Les accélérations
L’écran tactile très réactif
On aime moins
La visibilité arrière limitée
La suspension trop ferme
Un écran central qui attire un peu trop l’attention du conducteur
La concurrence principale
Audi Q4 e-tron
BMW iX
Cadillac Lyriq
Genesis GV60
Jaguar I-Pace
Volvo XC40 Recharge / C40 Recharge